Lettre anonyme #3 : À toi maman, à toi mon agresseur
- Traumas Podcast
- 10 nov.
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Dernière mise à jour : 10 nov.
A toi maman, à toi mon agresseur.
Comme tu le sais, avant mes 4 ans, j'ai commencé à m'arracher des cils. Comme tu le sais, plus tard, je m'arrachais des poils. Comme tu le sais, vers mes 15 ans, ça a été le début de la peur d'aller à la selle surtout à l'extérieur de la maison et ça s'est poursuivi me privant de vivre plein de belles choses. Anxiété élevée, 24h sur 24h. Grande difficulté à déféquer puisque le rectum se refermait avant que le soulagement n'arrive. Comme tu le sais, vers mes 18 ans, j'ai commencé à m'arracher les cheveux, ça me volait plusieurs heures par jour. Tu as laissé faire...
À mes 20 ans je suis tombée très malade, je ne dormais pratiquement pas, palpitations cardiaques durant 20 ans, douleurs musculaires intenses chroniques, hallucinations auditives et sonores, contractions musculaires involontaires, en chaise roulante pendant un an, cinq ans à la maison non fonctionnelle avec des crises de cataplexie (nom que j'ai trouvé il y a 4-5 ans seulement : perte soudaine du tonus musculaire sans perte de conscience). Au lieu de poursuivre mes études en littératures à l'université et construire ma vie de jeune adulte j'étais handicapée, isolée et errante au plan médical. À force de toujours chercher de quel mal j'étais affligée, j'ai finalement trouvé par moi-même faute d'être aidée du corps médical : trouble neurologique du sommeil avec crises de cataplexie. Mais qu'est-ce qui avait causé ça ?
Comme toi j'ai commencé un trouble alimentaire, beaucoup de sucre raffiné, beaucoup de gras et ce, au quotidien. De peine et de misère, à 26 ans j'ai commencé à travailler et me suis pris un appartement. J'étais très faible, je tentais de vivre mais je survivais.
Mes relations amoureuses ? Toujours des conjoints toxiques et violents psychologiquement, ce que tu me disais ? : ''Si tu fais ta difficile tu vas finir seule''. J'ai tellement cherché pourquoi je vivais ces grandes difficultés alors que mes amies ne vivaient pas ça, Même avant l'arrivée d'internet je faisais mes propres recherches pour comprendre et pour aller mieux. J'étais envahie par la honte et la culpabilité.
Tout ce que la médecine traditionnelle a fait pour moi : me bourrer de médicaments (bonjour la dépendance) et me dire que tout était normal. Ah oui, j'oubliais. Le psychiatre que j'ai consulté à mes 26 ans m'a dit que je vivais de la trichotillomanie (le fait de s'arracher cheveux, cils et poils) mais il a omis de me dire que c'était de l'automutilation. Des années de thérapie avec psychologues (dont 2 ans à l'hôpital Ste Justine), thérapeute en relation d'aide et mon constat est le suivant : ces professionnels ne connaissent pas la maltraitance, l'automutilation et les chocs post traumatiques. Le psychiatre me laissait entendre que l'anxiété que je vivais était de ma faute et me prescrivait des médicaments qui me rendaient très malade. Je changeais de sorte aux deux mois. Un jour, alors que j'étais de plus en plus malade avec un psychotrope j'ai appris que ce médicament dont j'oublie le nom avait été retiré du marché parce qu'il causait des décès suite à des hépatites médicamenteuses. Je n'ose pas imaginer ce qu'il me serait arrivé si je n'avais pas arrêté de les avaler malgré les conseils du psychiatre de les poursuivre. Comment se fait-il qu'on me l'ait prescrit ? Comment se fait-il qu'on me l'ait vendu?
En 35 ans j'ai dépensé en divers soins et produits l'équivalent d'une maison. Il y a longtemps que j'ai perdu confiance en la médecine traditionnelle, en plus de ne pas me venir en aide je vivais de la grande détresse psychologique en quittant les bureaux de ces professionnels trop souvent dénigrants et humiliants.
Il y a 11 ans alors que je sortais d'un centre d'hébergement pour femmes victimes de violence conjugale, toi qui es supposée être ma mère tu m'as agressée verbalement, une fois de plus mais cette fois-là, le 25 septembre était la plus violente des fois. J'ai quitté ta cuisine et ne t'ai plus jamais revue, j'ai vu dans tes yeux la folie. J'ai compris que tu me manipulais (je venais de découvrir par des lectures, cette manière de communiquer).
Une fois de plus en état de choc, je n'ai vu papa que quelques fois et je n'ai plus eu de contacts avec les membres de ta famille de qui j'étais pourtant très proche. En parlant avec une cousine, il y a quelques années, j'ai su que tu leur avais dit des choses à mon sujet et que tous avaient ''très peur de moi'', moi qui suis pourtant une de tes victimes. J'ai compris que c'est la manière de fonctionner des familles dysfonctionnelles.
Dans les derniers 7-8 ans mon état physique (dos et système digestif) se dégradait grandement à un point tel que je n'ai pratiquement pas dormi durant 5 mois (mes doigts étaient très engourdis). Épuisée et découragée je parlais à plusieurs amis de mon état pitoyable. Quand une de mes amies m'a parlé pour la 2e fois d'un professionnel qu'elle connaissait qui serait en mesure de m'aider j'ai pris rendez vous. À ma grande surprise j'ai pris du mieux graduellement dès le 1er rendez vous, alors que tous les autres professionnels que je visitais n'arrivaient pas à trouver la cause de tous ces problèmes et encore moins de les soulager. J'y allais chaque semaine. En parlant avec lui, nous en avons déduit que je m'étais créé une scoliose avec un oreiller trop plat (le seul supportable à cause des douleurs chroniques que j'avais depuis 33 ans au cou, trapèzes et homoplate). Les engourdissement ont diminué et finalement arrêté ainsi que les troubles digestifs handicapants. Il m'expliquait que mes muscles étaient figés et pleins de nœuds causés par de nombreux traumatismes. Après 8 mois de soins, il m'a informée que j'avais un coup du lapin ou un whiplash. Et parce que j'écoutais des reportages français, j'en avais souvent entendu parler en détails et je lui ai demandé avec effroi: ''Êtes vous entrain de me dire que j'aurais été un bébé secouée ?!'' Le casse-tête de l'histoire de ma vie prenait enfin forme. Je ne m'attends pas à avoir la vérité, mais au fond de moi je sais que c'est toi qui as fait ce geste d'une violence inouïe avec des répercussions handicapantes et tu resteras impunie.
Je peux dire que tu te masturbais toujours à côté de moi dans le salon, que tu avais le sexe dénudé à ma vue. Je peux dire que tu m'as inséré un tampon alors que j'avais 13 ou 14 ans et que pour m'enseigner comment faire tu as sucé ton doigt pour ensuite de l'introduire profondément dans le vagin. Des souvenirs qui me hantent encore.
Quelques mois après cette révélation tant recherchée du bébé secoué qui aurait causé le trouble neurologique du sommeil, j'ai eu une révélation: quelle différence y a-t-il entre la sensation de déféquer et celle d'être pénétrée ? Évidemment ! Tout était maintenant d'une évidence ! Avec une profonde certitude, j'ai compris que tu devais m'insérer des objets ou tes doigts régulièrement dans le rectum et que la terreur que je vivais chaque fois que j'avais envie d'aller à la selle venait de ces souvenirs traumatisants, le corps n'oublie pas. Comment se sentir en sécurité quand celle qui est censée nous protéger, nous aimer, nous enseigner, nous amener vers l'autonomie nous secoue, nous brise le cou et nous viole ?! Comment aucun professionnel à qui j'ai parlé de cette immense souffrance ne m'a jamais amenée sur la piste du viol en tant que bébé ? J'ai tellement cherché, j'ai tellement demandé de l'aide, j'ai tellement questionné!
Je sais maintenant que j'ai une maladie : le foie gras (causé principalement par le sucre). La maltraitance et ses symptômes mènent à plusieurs dépendances qui causent une série de maladies. Seule je me suis sevrée de plusieurs psychotropes (2 ans d'enfer), sans parler des nombreuses embûches créées par les pharmaciens. N'ayant pas de support naturel il y a 7-8 ans mon système nerveux ne fournissait pas, j'ai dû reprendre un anti dépresseur que je diminue graduellement grâce au support de certaines plantes. Il est très difficile de se sortir de trente cinq ans de médicaments addictifs, j'y arriverai parce que je veux éviter tous les problèmes que ces longues prises de médicaments créent.
Je suis suivie par une naturopathe qui travaille pour le mieux être des humains. Graduellement j'élimine le trouble alimentaire, mon foie prend du mieux. Cette professionnelle a créé une méthode nommée le recodage qui est très efficace. De coaching en coaching les séquelles des nombreux traumatismes s'estompent et j'ai accès à mon plein potentiel. Je réalise enfin mes objectifs, j'ai 54 ans et je compte bien continuer de mordre dans ma vie, je me reconstruis chaque jour et j'ai une folle envie de profiter des années qu'il me reste, tout en sensibilisant les gens sur les chocs post traumatiques et ses symptômes méconnus en plus de ce qui m'aide à les guérir.



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